Je me suis toujours demandée pourquoi, mon corps et particulièrement mes membres inférieurs, n’ont jamais témoigné de ma pratique soutenue de sports relativement exigeants et de mon alimentation forcée de devenir au fil du temps presque trop correcte.

J’ai toujours eu l’impression d’être faite de 2 corps totalement distincts :

• un haut du corps sec, musculeux
• et en bas, un tissu mou, relâché au niveau des cuisses, une cellulite très apparente, des varices, des varicosités. En réalité, il y a une musculature développée derrière tout çà, mais invisibilisée.

Je n’avais pas de réponse des professionnels de santé, pas d’écoute, pas de proposition de traitement, je leur semblais un sujet en léger surpoids donc il n’y avait plus qu’à faire des efforts. Mais ces efforts, je les faisais …

Je me rappelle de critiques blessantes de copines dont une qui m’a marquée : « je n’ai jamais vu une fille aussi mal foutue » et en même temps je comprends qu’elle l’ait pensé.

Je me souviens aussi, plus tard, avoir croisé sur une plage une femme qui se mouvait avec difficulté et dont les jambes étaient considérablement déformées par des boules de graisse apparentes; j’avais ressenti de la compassion pour cette femme et j’y voyais avec angoisse le devenir potentiel de mes jambes.

Bref ces jambes que j’ai toujours jugées comme disgracieuses ont nourri un complexe profond; mais au final, il y a du bien dans tout çà. Cette incomprehension a toujours aiguisé ma curiosité : je voulais absoluement comprendre le dysfonctionnement sous-jacent.

Et c’est ainsi, à force de recherche, qu’un jour j’ai découvert une maladie dont on parlait peu voire pas : le lipœdème. J’y découvrais pas mal de caractéristiques communes … mon mal porterait-il enfin un nom ?

Je vais vous expliquer ce que j’ai compris du lipœdème et comment aujourd’hui, en tant que Naturopathe et Praticienne en massage, j’accompagne les femmes qui en souffrent et celles qui vivent des maladies ou des troubles similaires.

Définir le lipœdème ?

Le lipœdème est une maladie – oui, une maladie – chronique du tissu adipeux sous-cutané, caractérisée par une accumulation anormale de graisse au niveau des jambes, des hanches et parfois des bras. Sa caractéristique principale est que les mains et les pieds sont totalement épargnés.

Par ailleurs, il s’accompagne de douleurs, de bleus spontanés, d’une lourdeur constante et, surtout, il résiste aux efforts alimentaires et à l’exercice physique traditionnel. Tiens, tiens …

Son déclenchement est fréquemment lié aux grandes étapes hormonales de la vie des femmes : puberté, grossesse, ménopause. Il concerne exclusivement les femmes, ce qui souligne d’autant l’implication des hormones dans son apparition et dans son développement.

Pourquoi le lipœdème est-il si mal compris ?

La photo suivante illustre l’évolution du lipœdème

Visuellement, le lipœdème est souvent confondu avec le lymphœdème, accumulation de liquide dans les tissus, et avec l’obésité suivant son évolution.

Notons que le lipœdème se développe de manière symétrique, ce qui n’est pas le cas chez les sujets atteints de lymphœdème, ou d’obésité.

Le lipœdème est difficile à diagnostiquer car il s’agit d’une maladie multifactorielle. Les hormones en sont certes une cause majeure, mais voilà, elles n’agissent pas seules.

S’y additionnent un système lymphatique et un système vasculaire defaillants d’où les gonflements, ecchymoses, varices et varicosités.

Et puis, il s’agit d’une inflammation. Qui dit inflammation indique que le corps lutte contre une substance étrangère, pathogène, ennemie. Le lipœdème est dit inflammation de bas grade c’est à dire une inflammation qui se développe sournoisement, sans générer de fièvre, et progresse lentement.

Je ne l’ai pas expérimenté directement et j’ignore si ce que j’avance est juste car je ne suis pas médecin, mais peut-être serait-il logique que, lors d’un dosage sanguin, le marqueur de la CRP* révèle la présence d’une inflammation dans le corps.

Toutefois, selon des études, l’analyse du plasma dans le sang met en lumière la présence d’une protéine nommée PF4* dont le taux est démesurément élevé chez les personnes atteintes de lymphœdème, de lipœdème et/ou d’une malformation lymphatique. Cette analyse met en évidence le lien étroit entre une anomalie lymphatique et le lipœdème : le lipœdème serait une anomalie lymphatique. Et à ce jour, le PF4 est l’unique marqueur de la présence d’un lipœdème. Interessant à savoir.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Comme énoncé précédemment les signes sont :

• douleurs au toucher
• ecchymoses faciles
• hypothermie au niveau des oedèmes
• sensation permanente de jambes lourdes
• tissus adipeux engorgés

En dehors de la douleur ressentie au toucher, les autres caractéristiques du lipœdème sont communes avec d’autres maladies ou dérèglements vasculaires et lymphatiques.

Focus sur les hormones et leur impact sur le lipœdème

Les hormones jouent un rôle majeur dans le développement du lipœdème étant donné que son développement intervient à des phases clefs de bouleversement hormonaux : à la puberté, après une grossesse ou à la menopause.

Les hormones féminines dont il est question sont :

• les œstrogènes
• la progestérone
• la testostérone

Les œstrogènes sont des hormones féminines qui sont essentielles pour la régulation du cycle menstruel et pour le développement des caractéristiques sexuelles secondaires (comme la poitrine, la distribution des graisses, etc.). Elles jouent un rôle clé dans la régulation de l’hydratation et de la fermeté de la peau en stimulant la production de collagène et d’élastine. On observe chez les femmes atteinte de lipœdème un manque de fermeté de la peau au niveau des membres affectés.

Les œstrogènes favorisent la répartition de la graisse dans certaines zones du corps, en particulier autour des hanches, des cuisses et des fesses. C’est pour cela que, chez les femmes, la graisse tend à se concentrer davantage dans la partie inférieure du corps.

Les œstrogènes peuvent aussi provoquer une rétention d’eau dans les tissus, ce qui peut aggraver les symptômes du lipœdème, comme les gonflements et les fameuses douleurs.

La progestérone est une hormone féminine produite principalement par les ovaires après l’ovulation et en grande quantité pendant la grossesse. Elle aide à réguler le cycle menstruel, prépare l’utérus à une grossesse et soutient la gestation. Elle a aussi un effet sur le métabolisme des graisses et sur l’équilibre de l’eau dans le corps.

La progestérone a un effet relativement diurétique, ce qui peut aider à réduire la rétention d’eau dans certaines situations. Cependant, lorsque les niveaux de progestérone sont déséquilibrés (notamment en cas de période prémenstruelle), elle peut aussi aggraver la rétention d’eau et l’apparition de gonflements dans les zones touchées par le lipœdème.

La testostérone est une hormone principalement masculine, présente chez les femmes en quantité plus faible. Elle est impliquée dans la croissance musculaire, le métabolisme des graisses et le maintien de la densité osseuse.

Elle joue aussi un rôle dans le désir sexuel, l’énergie, et la régulation de l’humeur.

Contrairement aux œstrogènes, qui favorisent le stockage des graisses sur les hanches et les cuisses, la testostérone tend à favoriser une répartition plus homogène de la graisse, y compris une plus grande masse musculaire.

Les niveaux de testostérone peuvent influencer le métabolisme des graisses, mais l’impact spécifique de la testostérone sur le lipœdème est moins direct que celui des œstrogènes et de la progestérone.

Toutefois, un déséquilibre hormonal global affectant la testostérone et les œstrogènes peut jouer un rôle dans l’apparition ou l’aggravation du lipœdème.

Les maladies voisines

Ce qui suit n’est qu’un ensemble de définitions simples. Mais peut-être vous aideront-elles à mieux identifier ce dont vous souffrez — qui n’est pas nécessairement un lipœdème.

• Lipohypertrophie, cette forme de lipœdème sans douleur

Accumulation symétrique et progressive de graisse au niveau des hanches et des membres inférieurs, sans œdème ni douleur à la pression, avec déclenchement à l’adolescence, et parfois évolution vers un lipœdème à un stade très avancé.

• Lymphœdème primaire

Gonflement unilatéral des membres dû à un mauvais drainage de la lymphe, sans douleur ni tendance aux ecchymoses ; le signe de Stemmer (impossible de pincer la peau du 2ᵉ orteil) est positif.

• Lymphœdème secondaire

Complication d’un lipœdème mal ou tardivement traité, marquée par un œdème qui peut s’étendre aux pieds et accentuer la lourdeur.

• Syndrome de Madelung

Lipomatose bénigne symétrique, caractérisée par des dépôts graisseux uniformes (cou/nuque, épaules/bras ou bassin/cuisses selon le type) sans œdème, touchant surtout les hommes avec antécédent d’alcoolisme.

• Phléboedème

Premier signe d’insuffisance veineuse chronique : œdème des membres (hommes et femmes), confirmé par échographie Doppler veineuse, sans atteinte du tissu adipeux comme dans le lipœdème.

• Maladie de Dercum

Accumulation douloureuse de nodules adipeux au niveau des membres inférieurs, sans œdème, souvent associée à des troubles de l’humeur, survenant généralement à la ménopause.

Et physiquement, toutes ces pathologie s’apparentent sensiblement au lipœdème. Alors, surtout, faites vous diagnostiquer par un spécialiste afin d’être orientée vers une prise en charge adaptée.

Les conséquences psycho-sociales ?

D’après mon expérience — et sans aucune prétention — ce type de pathologie provoque une mésestime de soi profonde. Cela entraîne des difficultés à se valoriser, que ce soit à travers l’apparence vestimentaire ou dans les interactions sociales. Pourquoi ? Parce qu’on se sent différente, parfois même anormale. Et quand, en plus, nos efforts restent vains… c’est profondément déstabilisant.

On traverse aussi une forme d’anxiété qui peut ouvrir la porte à certaines addictions. Pour ma part, ce fut le sport — une addiction que je reconnaîtrai plus tard comme bénéfique.

Mais comme vous le savez, l’anxiété peut aussi engendrer des comportements bien moins salvateurs. Certaines, par désespoir, enchaînent des régimes de plus en plus stricts, ce qui détériore peu à peu leur rapport à l’alimentation, leur moral et leur santé. La prise de poids aggrave alors le lipœdème, qui progresse vers des stades plus sévères. C’est le début d’un cercle vicieux : poids qui augmente, estime de soi qui s’effondre… sans parler du manque de compréhension de l’entourage — familial, amical, voire médical. Et parfois, cela mène à un isolement social profond.

La bonne nouvelle et que nous pouvons éviter tout celà.

Mes suggestions de solutions naturelles ?

Ma première approche porte évidemment sur l’alimentation anti-inflammatoire.

Il s’agit d’une alimentation riche en anti-oxydants, en bioflavonoïdes, en omega-3, des groupes d’aliments permettant de lutter contre le stress oxydatif des cellules, qui calment les réactions inflammatoires, qui équilibrent le microbiote intestinal et nous savons quel en est l’impact sur la santé globale.

Eh oui, je sais, ça agace, je vous agace, mais c’est important, je n’en demords pas, tout commence dans l’assiette.

Mon second point, vous vous en doutez : le sport. Contrairement aux recommandations habituelles que vous trouverez dans le cas du lipœdème, qui porte sur la pratique de sports doux, je vous suggère fortement de prioriser la musculation. Pourquoi ?

Lors de la contraction musculaire, est généré un ensemble de substances: les myokines qui permettent entre-autre de réduire les inflammations dont les douleurs liées au lipœdème. Rappelez-vous que le lipœdème est une pathologie impliquant une graisse inflammatoire.

Je vous accompagne également avec le drainage lymphatique manuel de type Vodder. Il est votre allié. C’est le massage le plus approprié, le toucher est doux, il réduit considérablement la rétention d’eau et favorise le drainage de la lymphe ce qui permet de réduire voir d’éviter la formation d’oedème. Il lutte alors efficacement contre le lymphœdème. Il ne fait pas disparaître la graisse du lipœdème.

Ne cédez pas aux massages toniques. Ils peuvent causer de la douleur intense et aggraver les ecchymoses ou l’inflammation.

Vous pouvez également disposer de bottes de pressotherapie pour procéder chez vous, régulièrement, à raison de 15mn par jour, et en douceur, au drainage lymphatique mécanique. Et j’insiste sur le terme « en douceur » car il faut absolument éviter de perturber le réseau vasculaire déjà fragilisé, sans compter que, le lipœdème étant douloureux, le pression pourrait être mal vécue.

Adhérez à l’auto-drainage lymphatique, je vous invite à effectuer le brossage à sec de l’ensemble du corps et particulièrement des membres atteints par le lipœdème.

Je vous aide par ailleurs à trouver la cure naturelle la plus adaptée à l’état de vos systèmes lymphatique et vasculaire tout en tenant compte de votre équilibre hormonal. Certaines plantes favorisent le drainage lymphatique, et d’autres, renforcent les parois veineuses, améliorent la circulation sanguine.

Hydratez-vous régulièrement avec une eau épurée au maximum et de PH 8.5 afin que cellule profite au maximum de l’hydration. On ne le dira jamais suffisamment, s’hydrater réduit la rétention d’eau contrairement aux idées reçues. Pour ce qu’il en est de l’eau de PH 8.5, c’est l’idéal dont certaines disposent grâce à un ioniseur d’eau. Pour information l’eau du robinet est plus souvent PH 6.5.

Le port régulier de bas de contention est necessaire pour certaine. Attention de vous procurer des bas de contention prescrits par un medecin.

Quel medecin consulter ?

Je parle de médecin, mais lequel consulter pour être entendue, comprise et accompagnée médicalement ?

Il s’agit de consulter un angiologue. Il joue un rôle clé dans le diagnostic différentiel et l’orientation des soins du lipœdème.

C’est un médecin spécialiste des maladies des vaisseaux sanguins et lymphatiques. Il prend en charge les pathologies liées à :

• la circulation veineuse (ex : varices, phlébite, insuffisance veineuse)
• la circulation artérielle (ex : artérite, anévrisme)
• la circulation lymphatique (ex : lymphœdème)
• et parfois des troubles microcirculatoires ou capillaires

Il arrive qu’il travaille de concert avec le gynécologue qui assure l’aspect hormonal.

Toutefois, l’angiologue est à même de vous diriger vers un chirurgien spécialisé en liposuccion WAL.

Un point sur la lipossucion WAL

La liposuccion WAL (Water Assisted Liposuction) représente une avancée majeure. Contrairement à la liposuccion esthétique classique, souvent trop agressive pour les tissus fragilisés, la technique WAL utilise un jet d’eau fin et contrôlé pour décoller la graisse en douceur avant de l’aspirer. Elle permet de réduire significativement la douleur, la pression tissulaire et la gêne fonctionnelle, tout en préservant les vaisseaux lymphatiques. C’est une procédure médicale, non esthétique, qui doit être réalisée par des praticiens formés au lipœdème.

Bien qu’elle ne constitue pas une solution miracle, elle peut apporter un soulagement durable et améliorer la qualité de vie des patientes lorsqu’elle est bien indiquée.

Assurez-vous d’avoir été diagnostiquée par un médecin spécialisée simplement parce que la prise en charge chirurgicale peut être partielle suivant la gravité du lipœdème.

Attention :

La liposuccion esthétique classique (technique TAL : Anesthésie Locale Tumescente) n’est pas adaptée au traitement du lipœdème. Trop agressive, elle risque d’endommager le système lymphatique, d’aggraver les œdèmes, et n’apporte souvent aucun soulagement durable.

Avant toute intervention, il est essentiel de consulter un spécialiste formé au lipœdème et de bien distinguer traitement médical et chirurgie esthétique.

En résumé, le lipœdème est une maladie méconnue et souvent banalisée, perçue dans ses premiers stades comme un simple problème esthétique ou un manque de discipline, puis confondue plus tard avec l’obésité. Pourtant, il s’agit belle et bien d’une réalité médicale, physiologique et émotionnelle qui mérite toute notre attention.

Il est important que le diagnostique soit posé par un médecin spécialisé.

On ne guérit pas du lipœdème mais une hygiène alimentaire anti-inflammatoire, une pratique sportive régulière, le drainage lymphatique par le massage et la phytothérapie, le renforcement des parois veineuses, tout cet ensemble ralentit considérablement la progression de ce mal. Et je pense que c’est la raison pour laquelle je suis encore au stade de la lipohypertrophie qui équivaut à mon niveau à un lipœdème stade 1 (sans les douleurs).

Depuis que mon problème est nommé, j’ai changé le vocabulaire que je tenais à l’égard de mon physique et au final, je remercie cette expression corporelle qui m’a poussée à chercher sa vérité car aujourd’hui je peux aider les autres femmes de part mon vécu et ma profession.

Lexique

La CRP ou protéine C réactive est une protéine dont le taux augmente lorsqu’un processus inflammatoire est en cours dans l’organisme. Un taux élevé peut être le signe de plusieurs situations pathologiques plus ou moins sérieuses.

PF4 : Facteur plaquettaire 4

Sources

Pour rédiger cet article, je me suis appuyée sur

• Mes comptences professionnelles
• Mon expérience personnelle

Les site suivants :

• https://www.jobstcanada.com/
• https://lipolab.fr/
• https://www.julienvenesson.fr/myokines-musculation-benefices/